ATELIER CHOREGRAPHIQUE DU THEÂTRE NATIONAL

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16. Colloque International Thème 3 : COMMUNICA TION DE MONSIEUR KOFFI KOKO (BENIN) DANSEUR, CHOREGRAPHE

THEME 3 SUITE

 

"DE LA DANSE TRADITIONNELLE A LA CREATION CONTEMPORAINE AFRICAINE"

 

COMMUNICA TION DE MONSIEUR KOFFI KOKO (BENIN) DANSEUR, CHOREGRAPHE

 

Je suis ici en qualité de chorégraphe et codirecteur du Ballet National de Bénin, et à ce titre, je transmets aux autorités gabonaises le message de considération et d'amitié fraternelle du Ministère Béninois de la Culture.

Je vous dirai pour débuter que la troupe que nous constituons a pour vocation d'être contemporaine, car nous n'avions pas jusqu'à présent de Ballet National proprement dit. Je me pose aussi la question "Qu'est-ce que la danse contemporaine en Afrique?" Quelques fois on pense que cela consiste à amener un apport de l'extérieur.

Cependant, avec notre patrimoine qui est déjà si riche, notre danse n'a pas besoin d'aller loin pour être contemporaine. Au Bénin, nous voulons travailler sur une esthétique et sur une lecture qui peut être à la fois acceptée au Bénin et sur le plan International, Universel...

Il y a évidemment contraintes, car si on parle de contemporain aujourd'hui, c'est que nous acceptons de faire la démarche de se mettre au diapason de l'espace scénique international, tout en sachant bien que les danses africaines, quand elles sont dansées dans leur contexte, on les comprend et les apprécie toujours plus.

Le 1rajet que nous allons donc effectuer, nous, chorégraphes d'aujourd'hui, c'est d'aborder, d'amener sur scène une danse pure qui va à l'essentiel.

Car la danse traditionnelle, quand on la déplace de son contexte, elle reste juste, mais c'est l'environnement et tout ce qu'il y a autour qui dénote complètement.

A telle enseigne que, vivant une grande partie de mon temps en Europe, je ne peux pas rester plus de deux ou trois mois absent de mon Pays, de mon village, ne serait-ce que pour rester en contact avec mon Maître spirituel qui s'y trouve.

Il ne s'agit donc pas, pour faire une danse contemporaine africaine de prendre des apports extérieurs, mais d'arriver à avoir un langage qui peut se valoir universel.

Il ne faudrait plus entendre :" ça c'est une danse traditionnelle africaine sur une scène occidentale", mais: "ça c'est de la Danse! "... Bien sûr qui vient de l'Afrique, mais qui porte un tel message et une telle écriture. Et c'est cette écriture là que nous, nous tous en Afrique, devons essayer de trouver.

Elle sera diversifiée car dans une évolution, une création, on ne peut pas tout faire de la même manière. On peut avoir une même réflexion, mais d'un individu à l'autre il y a une évolution, une application différente.

En ce qui concerne les problèmes de terrain, la danse traditionnelle dans les zones urbaines n'existe plus partout en temps que telle. En tout cas, pour l'exemple du Bénin que je connais très bien, nous sommes obligés d'aller dans les campagnes pour retrouver ces danses là.

Maintenant que nous commençons une réflexion contemporaine sur la danse, je ne suis pas vraiment d'accord sur l'idée que les danseurs traditionnels ne soient que des interprètes car, en dehors du rituel, ces danses n'étaient pas chorégraphiées : il y a un pas qui correspond à un placement du corps, à une attitude, à une direction de mouvements, mais la danse est le fruit de la création du danseur.

Je rendrai ici hommage à monsieur Peter FOLEBA, car c'est le premier à avoir chorégraphié nos danses pour une scène avec le BALLET GUINEEN qui a fait le tour du monde; avec lui est née la Chorégraphie Africaine.

Dans le cas de la recherche contemporaine, il faut tenir compte des contraintes logistiques et surtout économiques qui nous amènent, nous les pédagogues et chorégraphes africains et atelier en Europe, à créer une nouvelle gestuelle, une nouvelle musique sur la base de nos anciens rythmes.

On dit chez nous :" C'est toujours une histoire qui en amène une autre " ... Voilà le défi important que les danseurs d'aujourd'hui ont à relever. C'est une voie qui consiste à évoquer l'originel, et je ne suis pas le seul à la suivre sur le continent.

Cette démarche est un choix que nous avons pris quand s'est éveillée en nous la conscience de ce que nous pourrons apporter à la danse traditionnelle, du moment que nous gardons le contact avec elle, et que nous sommes encore en mesure d'être, dans nos villages, des danseurs traditionnels.

Quel est le paysage, la situation du danseur en Afrique ? D'un coté dans les villes, il y a les groupes qui animent certaines cérémonies chez des particuliers, qui se produisent dans les hôtels ou au cours de manifestations officielles, mais ils ne vivent pas de cela, loin s'en faut.

De l'autre coté à la campagne, dans les villages, ceux qui ont conservé l'aspect purement traditionnel se retrouvent en dehors de leurs travaux champêtres pour perpétuer nos danses, parfois sans même en connaître la signification, mais en perpétuant ce que les anciens ont légué. Et si, vous leur parlez de danse contemporaine, ça ne les intéresse vraiment pas.

La question qui en découle est: nos danses doivent elles être exposées sou pas ? Moi, je répondrai qu'il y a des porteurs de la tradition que nous devons toujours, toujours respecter; qui sont notre mémoire, nos bibliothèques.

Mais il y a aussi des artistes qui ont vécu dans la tradition et qui, par chance ou par opportunité ont été amenés à prendre conscience qu'ils pouvaient développer un don, qu'ils apporteraient quelque chose à cette tradition en le développant au présent.

Je dis cela comme un encouragement aux danseurs, aussi bien dans les zones urbaines que dans les villages.

Et ça, c'est très important, car en Afrique, on ne peut pas choisir d'être seulement danseur; ... et nous, nous faisons un Colloque sur la Danse Contemporaine. Nous devons avancer, notre génération doit avancer.

Nous n'avons pas encore eu assez la chance de divulguer nos traditions, qui avaient été étouffées par l'histoire. Il y a des artistes, des volontaires parmi nous qui ont cette conscience et cette volonté de développer la musique et la danse afin d'arriver à la création artistique.

Pour conclure, l'écriture contemporaine peut être abordée sous plusieurs formes car elle n'est le monopole de personne. L'artiste doit être libre, car sans liberté, il n'y a pas de création. Nous devons trouver notre écriture, l'accepter en temps que telle et trouver les moyens de la confirmer, en insistant sur notre esthétique et sans plier aux exigences des producteurs et des diffuseurs de spectacles.

 



31/03/2012
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