ATELIER CHOREGRAPHIQUE DU THEÂTRE NATIONAL

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14. Colloque International Thème 3 : COMMUNICA TION DE MONSIEUR Vyckoss EKONDO (GABON)

THEME 3 SUITE

 

"DE LA DANSE TRADITIONNELLE A LA CREATION CONTEMPORAINE AFRICAINE"

 

COMMUNICATION DE MONSIEUR Vyckoss EKONDO (GABON)
CONSEILLER ARTISTIQUE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, DIRECTEUR DE L'ENSEMBLE CHOREGRAPHIQUE "TANDIMA"

 

Monsieur le Président, Madame le Rapporteur, Messieurs les Experts, Mesdames et Messieurs; je commencerai par vous dire que c'est en artiste que je me situe dans cette intervention, me référant à mon éducation familiale et tribale, à ma vocation de musicien qui est effectivement indissociable de celle de danseur, en vous faisant part de mes motivations et de mes approches de mise en scène de nos danses que je présente avec le ballet "TANDIMA" ; et enfin de mes réflexions sur la préservation de nos traditions qui n'est pas remise en cause parce qu'un coin du voile est levé.

Je soulignerai mon appartenance à la grande famille des artistes pour distinguer sans fausse honte certains aspects qui nous sont propres: l'intuition du coeur et de l'esprit n'est pas un fait établi, et ne peut pas être démontrée scientifiquement

C'est pourtant le principal moteur qui nous anime, tant au niveau de l'interprétation qu'à celui de la création artistique, et qui nous permet de nous sentir consciemment ou inconsciemment partie prenante de la création du monde.

C'est différent, vous en conviendrez, avec l'observation rationnelle des faits dans l'intention de les transformer ou de les améliorer !

De plus, notre mécanique de travail est très proche de la transmission orale' traditionnelle qui, si elle repose sur une technique, n'en laisse pas moins une grande part à l'imagination et à la perception des sens, à la sensibilité profonde de chacun d'entre nous.

A ce niveau, et de par notre éducation, si la scène est un domaine où nous faisons souvent preuve d'amateurisme, c'est simplement parce que nous n'y avons pas encore élu domicile. Vous comprendrez par là que la scène passe, dans ce Pays, loin derrière le Temple de nos cérémonies, je veux dire le BANDJA.

Pourtant, il n'est pas faux de dire que notre éducation traditionnelle n'a rien à envier à une formation professionnelle artistique.

En ce qui me concerne, je suis issu des peuples de la forêt où l'homme et la plante vivent en parfaite harmonie; de Mimongo au sud du Gabon, berceau d'une société secrète très répandue dans notre Pays, le BWITI.

Très jeune, j'avais pris l'habitude d'écouter mon grand oncle qui était un grand initié, et qui jouait merveilleusement de la Cithare et de l'Arc musical.

C'était une musique mystique qui est restée en moi à travers le temps, qui m'a suivi pendant la suite de mes études en ville. ... C'est au Lycée National Léon MBA que s'opère mon premier contact avec les instruments de musique occidentaux, en suivant une méthode d'apprentissage stricte, une expérience enrichissante dont aujourd'hui je profite énormément.

Mon ambition finale était de parvenir à produire une musique moderne d'inspiration traditionnelle; je continuais mes recherches sur la musique moderne d'une part, et sur les musiques traditionnelles de mon terroir de l'autre.

J'ai produit deux disques qui reflétaient cette conception initiale, mais cette première expérience ne m'a pas totalement satisfait, il y manquait quelque chose : l'aspect spectaculaire, la danse.

Etant producteur et réalisateur à la Télévision Gabonaise, je participais au tournage de plusieurs émissions consacrées aux Danses traditionnelles du Gabon, qui ont confirmé mon intuition sur la beauté et la richesse de notre patrimoine culturel.

Il m'est apparu que ce patrimoine pouvait être revalorisé, dans un aspect scénique, dès lors que les initiés eux mêmes avaient déjà accepté de se laisser filmer, car il n'y a pas si longtemps, ce fait était très rare sinon impossible.

J'ai réalisé avec satisfaction pouvoir allier nos différentes danses traditionnelles dans une chorégraphie unique

Il faut cependant avouer qu'il était inacceptable, voire dangereux d'associer ces danses qui étaient l'apanage de nos diverses sociétés secrètes. Même l'utilisation de certains masques et maquillages associés à certains pas de danses était prohibée.

Mais la résultat sur le plan spectacle était formidable, d'où ma préoccupation à préserver l'authenticité de ce patrimoine au niveau des costumes, des pas de danse, des maquillages, des coiffures et autres accessoires.

Voici donc les orientations que j'ai suivies avec ma troupe Tandima, ce qui veut dire "transcender".
Transcender comment ? Tandima veut occulter les barrières ethniques ou tribales dans le spectacle, car il est une symbiose de tous les différents signes, symboles lyriques et chorégraphiques de la plupart des ethnies du Gabon (soit 45 environ).

Ensuite présentant ces ballets dans des clips vidéo, et dans toutes sortes de manifestations, j'entends donner au spectateur le sentiment d'appartenir à une identité spatial globale qu'est le Gabon.

C'est dans cet esprit que Tandima s'est produit sur de nombreuses scènes internationales, et qu'il se prépare pour de prochains nouveaux voyages. Voilà, Mesdames et Messieurs, comment de la Tradition Orale à la Scène, c'est dessiné la trajectoire artistique que j'ai empruntée.



31/03/2012
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